jeudi 31 décembre 2009

BLACKSAD, Tome 1 : Quelque part entre les ombres.

BLACKSAD, Quelque part entre les ombres.
BD de Juan Diaz Canales (scénario) et Juanjo Garnido (dessin).



Dans un rayonnage de la Fnac, on ne voit qu’elle. Un bel objet avec en couverture, un visage de chat vénère qui fume une clope sans filtre. A priori, c’est pas pour Bibi. Mais quand on lit partout que cette BD est un phénomène, forcément, Bibi il réfléchit, et la prend dans ses mains.
Ouverture et catastrophe, les personnages ont des têtes d’animaux. Beurk. Chat, chien, lézard, loup, gorille, sanglier, souris, phoque… toute l’arche de Noé est présente dans cette aventure dépourvue d’humour.

L’air renfrogné comme si sa litière était hors d’usage, le héro (puisqu’il en faut un) est un chat détective. Mais ce félin a la classe dans son costard cintré et son imperméable à la Columbo. Oui parce que forcément, qui dit détective, dit imperméable. Les clichés ont la vie dure…

Passons rapidement sur l’histoire assez simple mais qui fait bien le boulot : Le corps d’une femme est retrouvé inanimé, il s’agit de l’ancienne nana de Blacksad, le chat costumé. Ce dernier va partir à la recherche du coupable. Et une multitude de personnages secondaires vont se mettre en travers de son chemin. Entre temps, vas-y que ça fume clope sur clope, héro solitaire oblige. L’histoire retombe bien sur ses pattes, si l’on peut dire…

Disons le tout de suite, contrairement à Garfield, on est content que les boyaux de Blacksad ne servent pas de cordage à une raquette de tennis. Ce qui est intéressant, c’est qu’au bout de quelques pages, on porte au rang de Dieu le dessinateur qui a eu l’idée incongrue de personnifier des animaux, alors qu’à priori, ça s’y prête moyen pour une enquête criminelle. Et pourtant, ça prend tout son sens et donne une dimension plus qu’intéressante aux dessins. Puisqu’à chaque animal correspond un trait de caractère (chat solitaire, lézard fourbe…), celui-ci se répercute sur le protagoniste. Et qu’importe si c’est la marque de fabrique de Disney depuis la création de la souris aux grandes oreilles…

Blacksad, c’est une ambiance polar parfaitement maîtrisée par le dessin, la colorisation et les dialogues. C’est frais et pour rien au monde, on retournerait aux gros nez des Astérix et compagnie. L’aventure est magnifiquement rythmée, les angles de vue sont parfaits et toujours au service de l’histoire. Pas une case ne laisse insensible, on peut laisser vagabonder le regard sur chacune d’entre elles, tellement le traité des couleurs et les détails sont soignés. Chaque protagoniste est recherché même si certaines caricatures sont quelques fois lassantes.

Si on doit trouver un défaut, ça serait parfois la faiblesse de quelques dialogues. Mais peut-être est-ce dû à la traduction…

S’il est bien connu qu’un chat possède sept vie, Blacksad en a mise une au service de la BD. Que demande le peuple ? Le tome 2 peut-être ? Il est déjà sorti, ainsi que le troisième opus.